dimanche 20 octobre 2013

Politique arabe de la France? par Thimothée Larribau

On a tendance à négliger que la France - et l'Europe - ont une politique envers le monde arabe qui explique leur hostilité envers Israël.  Il est donc important de lire cet article de Thimothée Larribau. Lire également: Forte odeur de pétrole: Pompidou, Heath et la guerre du Kippour et 1973: le retournement de l'Europe sous la pression des pays arabes producteurs de pétrole.

La France s’est longtemps enorgueillie d’avoir une politique arabe, magnifiquement symbolisée par l’Institut du Monde Arabe, fondé par Valéry Giscard d’Estaing avec le concours d’une vingtaine de pays membres de la Ligue Arabe et inauguré par François Mitterrand dans le cœur historique de Paris. Immune aux alternances politiques et installé dans le 5ème Arrondissement de Paris, non loin des centres du pouvoir, l’Institut de Monde Arabe est le plus parfait symbole de la volonté française de diplomatie et de communication avec le monde Arabe.  [...]

Dès son accession au pouvoir en 1958, le Président Charles de Gaulle s’attache à redonner à la France une stature internationale indépendante. La reconquête de cette stature passe par trois étapes. Premièrement, l’acquisition de l’arme nucléaire et de vecteurs terrestres, sous-marins et aériens pour la mettre en œuvre. La France devient en 1960 la quatrième puissance nucléaire de l’histoire et ses avions Mirage IV comme ses missiles intercontinentaux du Plateau d’Albion font leur entrée sur l’échiquier stratégique de la Guerre Froide. Deuxièmement, l’indépendance politique et diplomatique par rapport à la logique des blocs Ouest-Est. Tout en affirmant à plusieurs reprises son attachement aux valeurs de l’Ouest, la France se désolidarise de l’OTAN qui doit quitter son territoire en 1967.
Troisièmement, l’indépendance économique par la sécurisation des approvisionnements énergétiques stratégiques. Le développement important de l’économie et de l’industrie durant les Trente Glorieuses nécessite en effet de contre-balancer la perte des ressources naturelles de l’Algérie par une politique d’influence envers les pays à fortes réserves naturelles. En Afrique noire, la ou le contexte diplomatique le permet, la France transforme donc sa domination coloniale en un jeu d’influence politique et économique surnommé péjorativement « Françafrique ». Dans le monde musulman et arabe, l’Algérie étant hors de portée en raison du passif violent, ce fut l’avènement de la politique arabe de la France. Par son influence et sa diplomatie, la France entendait sécuriser ses approvisionnements énergétiques et minéraux, nécessaires à son industrie et à son positionnement stratégique mondial.
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1 commentaire :

Gilles-Michel De Hann a dit…

Appuyée par une défense des droits nationaux des Palestiniens, cette politique eut des effets commerciaux et politiques si bénéfiques que tous les successeurs de De Gaulle l’avaient poursuivie mais rien ne dure un demi-siècle sans subir l’épreuve du temps. A force d’entretenir de si bonnes relations avec les régimes en place, la France a fini par nouer avec eux une connivence plus que douteuse et par considérer que de tels amis ne pouvaient qu’être éternels. A s’en distancer si peu que ce soit, à seulement porter sur eux un regard critique, elle aurait desservi des intérêts qu’elle avait su conquérir de haute main. Elle ne l’a donc pas fait et son erreur fut, là, d’autant plus grande que le début de ce siècle n’était plus les années 60.