mardi 10 mai 2016

Il n'y a plus de "question juive" en Europe, selon le philosophe belge E. Delruelle


Le Soir (10/05/2016)
Le Soir a interrogé Edouard Delruelle, professeur à l'Université de Liège où il enseigne la philosophie morale, politique et du droit, sur l'élection du nouveau maire de Londres qui est musulman.  M. Delruelle déclare en sa qualité d'"expert":

"[...] la question de l'islam, qui est devenu un abcès de fixation, de manière tout à fait exagérée, irrationnelle [...].  Etre musulman aujourd'hui est suspect".

Il ajoute que "[...] la "question musulmane" aujourd'hui.  Elle a remplacé la "question juive".  Cette dernière, comme l'a bien montré Sartre, était surtout la question de l'antisémitisme".

Ces propos interpellent.  La population juive a toujours été infime en Europe. et soumise pendant des siècles à des persécutions et vexations inouïes qui ont culminé avec l'extermination de six millions d'êtres dont un million et demi d'enfants.  La population musulmane se compte par millions et ne se laisse pas intimider.  La population juive européenne diminue sans cesse et est de plus en plus âgée (9 millions en 1939 et à peine 1.4 million aujourd'hui) - cette diminution s'explique en partie par l'antisémitisme, c'est-à-dire de "la question juive".  Elle les pousse à partir.  La population musulmane, par contre, continue de croître en Europe.

Or il semblerait que pour M. Delruelle il n'y a plus de "question juive" en Europe.  Faute de juifs?

A lire:
L'islam, première religion à Bruxelles dans vingt ans (2008, Le Figaro)
"Du bazar Tafoukte à la bijouterie Mohammed, les musiques du Maghreb envoûtent le passant. Encombrée de seaux en plastique multicolores, de chaussures de sport et de caftans chatoyants, la ruelle piétonnière du Prado conduit à la mairie de Molenbeek, le quartier marocain de Bruxelles. Presque toutes les femmes sont voilées et les commerçants parlent arabe. «On se sent mieux, ici, qu'en France ou en Espagne, assure Akim, gérant d'un magasin de vêtements. Peut-être parce qu'on est une grande communauté. C'est comme au pays !»"

Bruxelles capitale de l'antisémitisme (2014, tribune de Claude Demelenne @ La Libre Belgique)
"Quand le racisme antijuif prospère dans certaines couches de la population, il est temps de tirer le signal d’alarme. Il est temps pour toute la gauche d’appeler un chat, un chat. Et un militant de l’islam réac, un fasciste, même s’il prétend défendre la cause palestinienne et celle de tous les musulmans opprimés - souvent par d’autres musulmans - de la terre."

"Il est opportun que le contretemps cesse. Le premier devoir des Juifs, ce n'est pas, comme l'imaginait Herzl, de délivrer l'Europe des Juifs. Le premier devoir des Juifs, c'est de se délivrer de l'Europe."
Les Penchants criminels de l'Europe démocratique, Jean-Claude Milner, 2003, Verdier, 2003.

Suite à son excellent article (2015) sur la situation préoccupante  des juifs en Europe @ Atlantic,  le grand journaliste américain de gauche Jeffrey Goldberg, avait été contacté par un juif belge qui a voulu garder l'anonymat:

"But first, from a Jewish person in Belgium who asked to remain anonymous: "I read your article, and the experience of the Jews of Belgium is similar, or maybe worse, than the experience in France, because our government is quiet on the subject and there are not so many of us here. However, I don't want to leave. This is my country. You probably feel that way about your country. If you were a Belgian Jew, what do you think you would do?"


The answer is very difficult, of course. As I wrote in the article, I do not sense a great future for Jews across much of Europe. The trends are not moving in positive directions, even putting aside the most obvious negative trend of all: In 1939 there were nine million Jews in Europe, and today there are roughly 1.4 million. 

But my answer is this: If I were a completely assimilated Jew, one who, say, has married out of the faith; one who is not raising my children Jewish; and one who does not associate with Jewish people in specifically Jewish places, then I think I would be fairly safe in Belgium. It is possible to be secure in a place like Belgium by avoiding Jewish institutions (synagogues, schools, and so on) and, of course, by not participating in any obviously Jewish activity, or dressing in an obviously Jewish manner. So it comes down to a person's relationship with Judaism. Obviously, the Nazis are not coming, and so it is not unduly dangerous to have Jewish ancestry. The article I wrote, however, was about normative Jewish life. For those people who want to be actively Jewish, a place like Belgium could, in fact, be dicey. I suppose that if I lived in Belgium, and could afford to be mobile, I would be getting mobile. But these are terribly hard questions. If I had parents, or siblings, who were tied to Belgium, I probably wouldn't be so quick to look for an exit."

Aucun commentaire :